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Zoom sur Judith Godinot...

Bonjour Judith, merci beaucoup d’avoir accepté cet entretien avec La Scénaristerie. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ? 

 

Avec plaisir ! Je m’appelle Judith Godinot, j’ai 35 ans (je le dis car je les ai encore pour quelques jours donc j’en profite #névrosée). Je suis scénariste depuis bientôt 10 ans, j’ai commencé à travailler à ma sortie de la Fémis. Je travaille sur des projets de films et de série, certains ont abouti, d’autres non mais ils ont tous quelque chose en commun : la comédie. La dernière chose que j’ai écrite (co-écrite en réalité), c’est la série aspergirl, qui est disponible sur OCS depuis avril 2023.

 

Tu as développé le projet Axelle et des tas de choses au sein de l’Atelier Héroïnes 2016-2017 de la Scénaristerie. Peux-tu nous donner des nouvelles de ce projet et de son trajet depuis ta sortie de résidence ?

D’abord je dois préciser que la scénaristerie m’a beaucoup aidée à clarifier le projet et l’orientation que je souhaitais donner à ce scénario. Ça m’a permis de faire du tri dans mon esprit et que ça parte moins dans tous les sens. Le fait de résumer le projet en deux pages aide vraiment, même si c’est dur au début, à se concentrer sur l’essentiel. Et depuis, plusieurs producteurs m’ont contacté, j’ai parlé de ce projet à certains producteurs, mais je voulais absolument le retravailler. Et la vérité, c’est que j’ai eu tellement de travail par ailleurs que je n’ai pas eu le temps. Mais j’y pense un peu tout le temps, il est dans un coin de ma tête. Ça fait des années, mais pour moi le projet existe toujours et les personnages se dessinent de mieux en mieux. Il faut juste que je m’y remette !

 

Par la suite tu t’es plutôt orientée vers la série TV, qu’est-ce qui a déterminé ce choix ? Est-ce que tu continues de garder un pied dans le cinéma ?

Ce n’est pas un choix conscient, en fait. On m’a plus rapidement fait confiance en série télé qu’en cinéma, et je pense que c’est le cas pour beaucoup de jeunes auteurs. Après, il se trouve que j’adore l’émulation de la série télé et écrire pour un personnage sur plusieurs années et plusieurs saisons c’est très excitant d’un point de vue narratif. En ce moment je co-écris un premier long-métrage, et j’aime bien garder ces deux temporalités là, celle de la série et celle du long, c’est très différent. En série, une fois qu’on a sa bible et qu’on a fait un premier tour des diffuseurs, on passe à autre chose. En cinéma, on peut toujours réécrire pour un autre acteur, une autre région, redemander l’avance etc. C’est un processus beaucoup plus long, et un peu usant. Il faut garder la foi plus longtemps ! Et puis l’écriture de série est plus collective par nature et ça, quand comme moi on aime le travail de groupe, c’est un vrai bonheur.

 

La première saison d’Aspergirl que tu as co-écrite avec Hadrien Cousin est diffusée depuis quelques mois sur OCS. Tu peux nous raconter comment est né ce projet ?

C’est notre producteur, Antonin Erhenberg, qui avait reçu un projet de série sur un homme autiste qui devait s’occuper de ses enfants après la mort de sa femme. Il m’a contacté et j’ai commencé à développer ce projet avec une co scénariste, mais les diffuseurs trouvaient, à juste titre peut-être, que cela ressemblait trop à des projets existants. Ma co scénariste est partie vers d’autres aventures et Antonin m’a présenté Hadrien. Ensemble, nous nous sommes beaucoup documentés, et nous avons réécrit complètement le projet, à commencer par son personnage principal, qui est devenue une femme, qui réalise qu’elle est autiste quand son fils est diagnostiqué. On a eu la chance qu’OCS nous fasse confiance pour développer la série.

 

Vous travaillez actuellement à l’écriture d’une saison 2 d’Aspergirl. A côté tu écris également sur la deuxième saison de Toutouyoutou. Quelles sont pour toi les spécificités et difficultés d’écriture d’une deuxième saison ?

Une saison 2 c’est super, faites-en ! Plus sérieusement, ce qui diffère de la saison 1 c’est le relatif confort dans lequel on se trouve : on a essuyé les plâtres de la saison 1 et surtout on connait la musique. On sait qui sont les acteurs qui vont incarner nos personnages, on connait leurs voix, leur tempo, c’est bien plus simple de les imaginer et on peut vraiment écrire pour eux, ce qui est un luxe. Alors qu’en saison 1 on est dans l’expectative, on ne sait jamais trop ce que ça va donner…

Et puis il y a le petit challenge de faire mieux, et un peu différent. Souvent les saison 2 sont plus osées, plus politiques, on a mis en place un univers et on s’autorise davantage à jouer avec. Et puis on la confiance renouvelée du producteur, des acteurs et de la chaine. Quand ça arrive, c’est assez génial.

Pour toi, qu’est-ce qui fait qu’un projet se fait ou ne se fait pas in fine ?

Franchement, pour qu’un projet se fasse, il faut un alignement des planètes. J’entends par là un même désir de producteur, d’auteur et de diffuseur. C’est pour ça que c’est assez rare, finalement ! Des fois, on a beau avoir super bien bossé, le producteur est content, on est contents et en fait pour le diffuseur, ce n’est plus le bon moment, il y a un souci de timing. Des fois on a un chouette projet mais le producteur n’est pas la bonne personne pour le faire et on s’en rend compte tard. Et des fois c’est tout simplement nous qui ne sommes pas le bon casting pour écrire le projet ! Parfois il faut savoir dire non aussi. Je crois qu’on peut tous écrire mais on ne peut pas tout écrire. Et ce n’est pas si grave, au fond.

Quel conseil donnerais-tu à un.e jeune scénariste qui débute dans le métier ?

De ne pas se décourager et d’être constant dans l’effort. Je trouve que c’est ce qu’il y a de plus dur à faire, c’est pour ça que je le conseille dès le départ ! Un des grands trucs qu’on m’a dit et que je n’ai pas vraiment réalisé avant de le vivre c’est que ce métier marche par vagues. Il peut y avoir des semaines incroyables où on signe plein de choses, tout nous réussit et des semaines vides ou même catastrophiques, où les projets s’arrêtent, où on a l’impression que rien n’avance, qu’on est nul… Et la vague repart. C’est dans ces moments là qu’il faut s’accrocher.

Sinon, il faut faire comme moi : s’entourer de gens plus talentueux que vous ! Ils vous porteront ! Et aussi, puisque c’est un peu la période, il faut savoir faire des pauses ! Votre cerveau et votre corps vous remercierons. Et plus tard, vos co auteurs aussi.

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